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Récolte Pas de compromis sur la sécurité

Travailler vite mais sans baisser la garde face aux risques de happement, d'électrocution ou d'accidents de la route: l'été et ses chantiers de récolte incitent à redoubler de vigilance.

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Révisées, nettoyées et réglées, les machines de récolte et de manutention sont déjà dans les starting-blocks pour la moisson de 2009. Comme chaque année, cette campagne risque de connaître son lot d'accidents corporels liés à l'utilisation du matériel.

La MSA avait recensé plus de 66.000 accidents du travail chez les salariés agricoles en 2006, auxquels s'ajoutaient ceux des chefs d'exploitation et des aides occasionnels. Quelques mesures simples suffisent pourtant à limiter les risques.

Tout le monde connaît les risques et les gestes à éviter. Pourtant, chaque année, les chantiers de moisson, d'ensilage et de pressage génèrent des accidents corporels parfois fatals. La sophistication croissante des matériels, l'augmentation du débit de chantier et la pénurie de main-d'oeuvre sont trois facteurs aggravants.

Ce dernier point est crucial puisque la difficulté à recruter des chauffeurs qualifiés incite à confier des bennes de plus de 20 tonnes à des adolescents de moins de 16 ans ou à des stagiaires sans formation spécifique.

Il faut dire que les commandes sophistiquées des tracteurs récents simplifient la conduite sur route, qui se rapproche alors de celle d'une automobile. Mais en cas de problème, les réflexes du chauffeur de tracteur sont absents.

De plus, la conduite d'un gros attelage demande de la pratique. Selon l'enquête de la MSA réalisée en 2006, plus de la moitié des accidents concernent des chauffeurs dont l'ancienneté sur l'exploitation est inférieure à deux ans.

La récolte n'est donc pas le moment propice pour apprendre à conduire un tracteur attelé à une benne. Philippe Van Kempen, directeur du BCMA (1), rappelle que le conducteur d'un engin agricole doit être âgé d'au moins 16 ans, voire de 18 ans lorsque la largeur de l'attelage dépasse 2,55 mètres. Pour l'ensileuse ou la moissonneuse-batteuse, il faut obligatoirement avoir 18 ans et être formé à la conduite.

Pas de manipulations sans couper le contact

Les Cuma le constatent chaque année: l'énervement lors de la gestion des pannes est à l'origine de plus de la moitié des accidents lors de la moisson ou du pressage. Il s'agit bien souvent d'une jambe ou d'un bras happés au moment du débourrage du pick-up ou de la barre de coupe.

Les fédérations de Cuma rapellent régulièrement à leurs adhérents qu'il ne faut jamais intervenir sur une panne ou un bourrage sans arrêter le moteur. Et même en prenant cette précaution, il ne faut jamais opérer à mains nues car un couteau ou une dent bloqués par le paquet de récolte peut se libérer à tout moment et sectionner un membre.

Un simple bâton présent à bord du tracteur ou de la moissonneuse permet de sécuriser cette opération et d'inciter le chauffeur à opérer prudemment. L'entretien courant de la machine doit lui aussi être réalisé avec le moteur arrêté.

Pour les opérations qui nécessitent de conserver le moteur en marche comme l'affûtage des couteaux de l'ensileuse, les constructeurs recommandent de ne laisser qu'une seule personne sur la machine.Les happements liés à l'absence de protection sur les joints de cardan diminuent chaque année. Les campagnes de prévention menées par la MSA et le BCMA portent peu à peu leurs fruits et les arbres non protégés tendent à se raréfier.

Sécuriser le chantier

L'autre risque majeur pendant la moisson et l'ensilage est l'écrasement des opérateurs par les roues arrière des automoteurs ou des bennes. La première règle est d'interdire l'accès du chantier à tous ceux qui n'ont pas de tâche spécifique à y effectuer.

L'ensilage est le chantier le plus dangereux puisque la visibilité autour des tracteurs et des bennes diminue à mesure que le silo se remplit. Dans ses fiches «Sécurité avant tout», la MSA de la Mayenne rappelle que personne ne doit circuler à pied autour d'un silo lors du chantier.

Pour la sécurité des enfants présents sur l'exploitation, il existe depuis peu des bracelets de détection reliés par ondes radio à des boîtiers installés dans les tracteurs. Dès qu'un engin s'approche d'un enfant porteur du bracelet, un signal sonore informe le chauffeur. Certains systèmes allemands vont jusqu'à couper le contact automatiquement.

Informer les chauffeurs

C'est le credo des Cuma depuis quelques campagnes: faire circuler l'information pour réduire les risques. Ce briefing matinal doit être systématique lorsque des chauffeurs étrangers à l'exploitation interviennent sur les parcelles et autour des silos.

La première étape est d'informer les opérateurs sur les particularités du champ et en priorité sur la présence de lignes à haute tension. En effet, avec l'augmentation du gabarit des machines, certaines goulottes d'ensileuses sont plus hautes que les lignes.

Le chauffeur doit donc penser à baisser les goulottes lorsqu'il arrive à proximité. Il en va de même pour les moissonneuses-batteuses et les arracheuses de betteraves. Le chef d'exploitation doit aussi veiller à informer son équipe d'opérateurs sur la présence de puits ou de gouffres dans la parcelle et les éventuels passages à risque sur la route entre le champ et le silo.

L'autre information à faire passer concerne les spécificités du matériel utilisé si les chauffeurs ne viennent pas avec leurs engins personnels. Ainsi, le chauffeur habituel d'un tracteur sait gérer un embrayage de prise de force capricieux mais un opérateur occasionnel prend le risque de circuler sur la route avec des disques de faucheuse en rotation s'il n'est pas mis au courant du dysfonctionnement.

Enfin, un petit mot sur la performance des freins de l'attelage permet d'éviter les mauvaises surprises avec la benne chargée. Toutes ces solutions sont simples et peu coûteuses.

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(1) BCMA : Bureau de coordination du machinisme agricole.

 

Les accidents les plus fréquents:

Moissonneuse-batteuse: corps coincé dans le convoyeur à la suite d'un débourrage, chute dans la trémie, opérateur écrasé par la coupe lors de la maintenance.

Ensileuse: mains sectionnées lors de l'affûtage ou d'une intervention par la trappe d'accès, électrocution sous les lignes électriques.

Remorque: benne cabrée, écrasement par fermeture des portes automatiques, chute du timon avec un mauvais verrouillage de la béquille.

 

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